Il faisait encore nuit, presque frais. Manquait l'entrain habituel pour sortir de la couette. Comme si, quelque part bien enfoui, mon cerveau s'en souvenait.
L'eau dans la bouilloire, la cafetière à piston, la boîte et rien. Le vide. La panique me pousse à rechercher l'ersatz lyophilisé que mon tendre préfère absorber au déjeuner. En vain.
Attendre l'ouverture au choix de la station-service, la marchande de légumes ou bien celle de l'épicerie.
Junkie mais responsable, faire partir l'Ecureuil dans les meilleures conditions et se débrouiller pour que le temps accélère.
La marchande de légumes me vend le précieux paquet. Elle me dit de prendre aussi des cousse- couches..... 15 ans en Martinique et je ne connais pas ce tubercule d'une grande finesse! Elle me dit d'en profiter, que c'est la saison, que je ne serais pas déçue et comme je veux juste boire mon café je ne discute pas, je ne réfléchis pas, je prends. Après le café ou pendant , je chercherai comment faire.
J'absorbe la totalité de la cafetière en cherchant l'origine de ce nom si étrange et quelques recettes. Je tombe sur La fourmi et un article de l'INRA Guadeloupe. J'apprends pas mal de choses sur cette espèce domestiquée par les Amérindiens, de la famille des ignames, mais rien sur le nom.. Dioscorea trifida parce qu'une feuille à 3 lobes , cushcush ou yampie en anglais, cushcush en créole, name vino en espagnol......
Une production marginale bien que l'igname cousse-couche soit très appréciée, en raison de son extrême sensibilité aux maladies virales. D'où l'intérêt de nos chercheurs agronomes qui travaillent à la rendre plus résistante... Pas de panique, il s'agit juste d'assainir les semences bourrées de nématodes par chauffage durant les cultures in vitro.
Côté cuisine, Cushcush est, je cite l'Inra :"réputée pour la diversité des coloris de sa chair, qui peut aller du blanc au gris, et jusqu’au mauve soutenu en fonction des pigments anthocyanes qu’elle contient."
En effet, il y a une coloration mauve juste sous la peau mais comme La fourmi y a trouvé une certaine amertume, je pèlerai large.
Cushcush écrasées
Faire simple en suivant les conseils de la marchande. Bien surveiller la cuisson car trop cuit çela pourrait devenir mou et gluant....Evidemment, on pourrait faire le rapprochement avec des tubercules.... japonais. Un TOC peut-être.
Dans l'eau bouillante salée avec une gousse d'ail et une feuille de bois d'Inde.
15 à 20mn.
Ecraser à la fourchette avec un peu de lait (végétal pour moi) .
Ajouter une ou deux cives coupées, la pulpe de l'ail , un brin de persil.
Un morceau de beurre pour parfaire cette délicieuse purée à la texture délicate.
Finalement, c'était pas mal de faire autrement ce matin.
En fin de journée, l'Ecureuil m'apprit que j'étais une moldu. Soit...
Mais demain j'aurai quand même ma potion magique.
5 comments:
Nous sommes tous des moldus, malheureusement...
Je connaissais ce nom, bizarrement. Mais je n'ai jamais goûté un igname, je n'ai aucune idée du goût qu'il peut avoir.
déjà que moi, je n'ai pas tellement d'entrain pour sortir de la couette, si en plus il n'y avait pas de café!....l'horreur!....
quant au cushcush.....totale découverte!
@Babeth, tu imagines l'état du moldu ce matin-là. Je pense que tu apprécierais, le goût est assez proche de celui-de la pomme de terre mais je ne sais pas si on peut faire des frites!
@Gracianne : Décrire le goût des ignames...Pas évident. En tout cas, la cushcush est celle qui se rapproche le plus de la pdt, la fondante à purée avec une belle onctuosité en prime.
Je n'ai encore jamais cuisiné l'igname. Ta purée pique ma curiosité.
@Hélène : Je les ai longtemps évités! Par ignorance. Cela faisait partie des légumes pays servis en accompagnement et je n'y prêtais pas attention.
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