Thursday, June 16, 2011

Bloomsday

" Il se retrouva dans un air plus pur et revint sur ses pas en direction de Grafton street. Manger ou être mangé. Tue-le! Tue-le!
Imaginons un peu cette cuisine communautaire qui nous attend peut-être un jour. Tout le monde trottant avec des écuelles et des gamelles à remplir. On en dévorerait le contenu dans la rue. John Howard Parnell par exemple, le doyen de Trinity College tous les enfants à leur maman sans parler des doyens et du doyen de Trinity femmes et enfants, cochers, prêtres, pasteurs, maréchaux, archevêques. Venant d'Ailesbury road, de Clyde road, des quartiers ouvriers, de l'asile nord de Dublin, le maire dans son carrosse en pain d'épices, la vieille reine dans sa petite voiture. Mon assiette est vide. Après vous et votre hannap municipal. C'est comme à la fontaine de Sir Philip Crampton. On essuie les microbes avec son mouchoir. Le type suivant en remet une fournée avec le sien. Le père O'Flynn les ferait courir. On s'y bousculerait quand même. Tout pour sa pomme. Les enfants se battraient pour lêcher le fond de la marmite. Faudrait une marmite aussi grande que Phoenix Park. On y harponnerait des morceaux de lard et des gigots. On se prendrait à détester tous ses voisins. Comme au City Arms Hotel ce qu'elle appelait La table d'hôte. Soupe, plat garni et dessert. On ne sait jamais la pensée de qui on est en train de mâcher. Mais qui laverait toutes les assiettes et toutes les fourchettes? Peut-être qu'à cette époque on se nourrirait seulement de cachets. Les dents devenant de plus en plus mauvaises.
Après tout il y a du vrai dans ce délicat goût végétarien des produits de la terre l'ail, c'est sûr, ça pue l'oignon craquant des joueurs d'orgue de barbarie italiens, les champignons les truffes. La souffrance des animaux aussi. Plumer et vider une volaille. Les malheureuses bêtes au marché aux bestiaux qui attendent que le merlin leur fende le crâne. Meuh. Les pauvres veaux sont tremblants. Meuh. Flanchet de meuglard. Boeuf au chou. Chez les bouchers, le mou tremblote dans les seaux. Mets-nous ce morceau de poitrine qui est accroché là. Flop. Têtedemort et vieuxtibias. Moutons écorchés les yeux vitreux pendus par les pattes, museaux de mouton dans du papier sanguinolent les narines dégouttant de la confiote sur le sciure. pour la tête et les déchets, à la caisse. Ne sabote pas ces morceaux, toi le petit jeune.
Du sang frais encore chaud, on le prescrit à ceux qui dépérissent. On a toujours besoin de sang. Insidieux. Le lécher, encore fumant, un sirop épais. Spectres affamés, vampires.
Ah, j'ai faim."
Ulysses by James Joyce -1922-
Traduction sous la direction de Jacques Aubert 2004

13°C à Dublin.. Un genre de boeuf au chou pour fêter le Bloomsday dans les rue de la ville.


Beef & Guinness Stew with Buttered Cabbage
pour 8
2 livres de boeuf à ragoût maigre
3 cuillères à soupe d'huile
2 cuillères à soupe de farine
Sel et poivre du moulin
Une pincée de poivre de Cayenne
2 gros oignons, hachés grossièrement
1 grosse gousse d'ail, écrasée
2 c à soupe de tomate en purée à dans 4 c à soupe d'eau
1 c à soupe de sucre de canne
Guinness- 1 pinte environ
4 ou 5 carottes en morceaux
Thym
Persil frais
Débarrasser la viande de toute graisse. La découper en cubes de 5cm et les metre dans un bol avec une cuillerée d'huile. Assaisonner la farine avec le sel, le poivre et une pincée ou deux de poivre de cayenne. Mélanger à la viande. Chauffer l'huile restante dans une gran
de poêle à feu vif. Faire revenir la viande sur tous les côtés. Ajouter les oignons, l'ail écrasé et le concentré de tomates dans la poêle. Couvrir et laisser cuire doucement pendant 5 minutes environ. Transférer le contenu de la poêle dans une cocotte en fonte et verser un peu de la Guinness dans la poêle. Porter à ébullition et remuer pour dissoudre le jus de viande caramélisé. Verser sur la viande le reste de Guinness. Ajouter les carottes et le th
ym. Remuer. Goûter. Assaisonner au goût. Couvrir la cocotte et laisser cuire au four à basse température, 150°C environ.
Parsemer de pluches de persil. Servir avec de pommes de terre... Incontournable. Boxty, Champ etc...


Et du chou braisé au beurre.

Buttered cabbage
1 chou
3 c à soupe d'eau
Beurre salé
Poivre au moulin;
Retirer les feuilles extérieures. Couper le chou en 4 puis chaque quartier en fines lamelles.
Faire chauffer dans une poêle l'eau avec un bon morceau de beurre. Amener à ébullition. Ajouter le chou. Assaisonner au goût. Couvrir . Cuire quelques minutes. Servir aussitôt.
Facile et bon.

Enjoy

A Dublin, chaque année le 16 Juin depuis 1954, une bande de passionnés célèbre James Joyce en parcourant les rues de la ville sur les traces des deux héros de Ulysse. Un genre d'épopée complètement déjantée se déroulant ce jour de Juin 1904. Bouillonnant, agité, cru, fatigant même, rebutant parfois, je ne sais pas si un jour j'arriverais à en achever la lecture...
Je préfère suivre Mrs Dalloway dans les rues du Londres d'après-guerre, le désordre de ses sentiments m'y est plus familier ; ou bien encore suivre les promenades apaisées de l'homme qui marche. Ca me va mieux et pourtant, curieusement, je me prends à le lire par bribes, à doses filées.... Attachant finalement. Comme une bonne Guinness.

En cadeau ce lien vers une archive Ina, désuète et charmante. http://www.ina.fr/video/CPC8205191301/centenaire-joyce-a-dublin.fr.html

12 comments:

Babeth De Lille said...

J'ai un peu de mal avec la Guiness.... Mais ce genre de plat me va très bien.... Quant à Joyce, j'avoue ne pas m'être laissée tenter malgré ma boulimie de livres....

Au gré du marché said...

Ce ragoût irlandais m'est très familier.
Les Irlandais ont contribué à peupler le Québec et avec eux ils ont amené leur cuisine.
Aussitôt que le mercure baisse, on aime cuisiner ce genre de plat, mais aujourd'hui comme il fait 30 degrés, c'est BBQ!
Lou
P.-S. : Je ne connaissais pas le Bloomsday. Merci d'en avoir parlé!

Cuisine Framboise said...

Babeth : Moi non plus je n'avais jamais lu Joyce. Honnêtement c'est pas évident. Un peu brut de décoffrage aussi!
Lou, 25°c et tout de suite on a froid ici!

Gracianne said...

Ah, le chouette plat d'hiver! J'aime, a la folie, l'amertume de la Guinness.

J'ai essaye de lire Ulysses, plusieurs fois, jamais reussi. Essaie Gens de Dublin, c'est beaucoup plus facile.

Cuisine Framboise said...

Gracianne, C'est presque ça! Ici débute l'hiver...nage! Merci de tes conseils. j'irais voir chez WHSmith.

Boljo said...

La Guiness et ce type de ragoût va très bien de ce côté de l'Atlantique ou les apports irlandais sont nombreux. Et puis, ce boeuf va bien avec notre petit 10°.

Cuisine Framboise said...

Oups! mais c'est presque la canicule chez toi!

Babzy.B said...

le texte est génial , ça donne envie de lire J. Joyce :)

Laurent [alias Mr Poulet] said...

Il y a toute l'Irlande dans Joyce... Merci de m'avoir fait me replonger dedans !

Hélène Picken said...

Je cuisine beaucoup avec la Guinness, une bière brune pleine de caractère. Dernièrement, nous avons même rôti un poulet avec cette bière. Le stew irlandais est un plat simple et bon marché. Tu me donnes envie de sortir ma cocotte en fonte du placard.

Cuisine Framboise said...

Babzy, Ravie d'avoir provoqué cela
Laurent, je crois qu'Ulysses est un bouquin pour mec... Mais tu as raison l'Irlande doit être rugueuse comme ça
Hélène, Je connais une recette de poulet rôti à la Budweiser. La Guinness ce doit être autre chose. J'ai fait un pain dernièrement avec.

Marielle said...

Je comprends que tu le lises par bribe cet "Ulysse", c'est amusant mais très décousus ;o)
Je préfère lire la recetteet imaginer sa bonne odeur.
bises

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